Liaisons syndicales n°199

Interrogée par les médias, la ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques Mme Oudéa-Castéra a déclaré que ses enfants étaient scolarisés à l’Ecole publique avant de rejoindre l’école privée : « La frustration de ses parents, mon mari et moi, qui avons vu des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées. Et à un moment, on en a eu marre comme des centaines de milliers de familles qui ont fait un choix d’aller chercher une solution différente. » 

La Ministre a raison sur un point : il y a bien un problème de remplacement, ce gouvernement en est responsable. C’est à l’État de garantir le remplacement des enseignants absents.

Ces problèmes de remplacement sont le fruit d’une politique de destruction de l’école publique par les gouvernements successifs. Rappelons que des milliers de postes ont été supprimés ces dernières années.

Pour le SNUDI-FO, il faut d’urgence annuler toutes les suppressions de postes (notamment rendre les 55 postes de PE  et les 80 ETP du 2nd degré supprimés à la rentrée de septembre dans l’académie). Il faut recruter les personnels nécessaires pour occuper ces postes. Il faut d’urgence annuler toutes les fermetures de classes et d’établissements.

La question de l’attractivité du métier est une autre source d’explication des problèmes de remplacement.

Car quand bien même les postes seraient créés, le métier de professeur n’attire plus assez de candidats. La dégradation des conditions de travail est réelle : collègues non remplacés dont les élèves sont répartis dans les classes des autres enseignants, gestion d’élèves de plus en plus complexes, inclusion systématique, manque d’AESH, absence de plus en plus récurrente de réponse de l’administration.

Et bien évidemment subsiste la question essentielle des salaires. Les enseignants français sont sous-payés (15% de moins que la moyenne de l’OCDE, alors que le nombre d’élèves par classe primaire est 15% supérieur à la moyenne dans l’Union européenne, et que le nombre d’heures de classe est de 22% supérieur à la moyenne dans l’UE).

Compenser la perte de pouvoir d’achat depuis le 1er janvier 2000, cela implique d’augmenter à minima de 27,5% la valeur du point d’indice.

La Ministre a-t-elle annoncé qu’elle créerait les postes qui font défaut, qu’elle revaloriserait les personnels, qu’elle sauverait l’enseignement spécialisé pour rétablir des conditions d’enseignement normales ?

Nous pourrions avoir l’illusion que puisque Madame la ministre se plaint de ce dont souffrent des millions de parents d’élèves, c’est qu’elle mesure l’urgence de recréer les postes et recruter, l’urgence de revaloriser les salaires, l’urgence de revenir sur les réformes qui abiment l’école publique. Mais non, ce gouvernement n’a pas l’intention de prendre les mesures indispensables pour répondre à la situation.

La grève appelée à l’initiative des organisations FSU, FNEC FP-FO, CGT-Éduc’action, SUD-Éducation, auxquelles se sont jointes depuis le SE-UNSA, puis le SGEN-CFDT, a été suivie en masse.

Les textes d’appel national et départemental comportent toute une série de revendications fort justes. Dans le tract intersyndical costarmoricain, que FO a rédigé, figurent notamment les exigences d’ « augmentation réelle et significative des salaires », « annulation des 14 fermetures de postes de professeurs des écoles, des 41,5 suppressions d’ETP de professeurs dans le 2nd degré, et l’ouverture de tous les postes nécessaires », « maintien du collège de Corlay, et plus généralement aucune fermeture de classe, d’école ou d’établissement », « création des 180 places nécessaires dans les établissements sociaux et médico-sociaux », « un statut de fonctionnaire et un vrai salaire pour les AESH », « abandon des mesures prises dans le cadre de l’acte 2 de l’Ecole inclusive ».

Personne n’a l’illusion que la ministre, au soir du 1er février, va décider de satisfaire les revendications. 

Lors de l’audience intersyndicale, le Préfet a refusé d’annoncer l’abandon du plan de 45 fermetures de classes. Tous unis, nous ne lâcherons pas !

Il faut l’union sur les revendications, mais également la détermination comme l’a montré le retrait du projet d’expérimentation d’uniforme par le maire de Plouisy après le rassemblement de 100 parents et enseignants.