Liaisons syndicales n° 201

Le mardi 9 juillet, deux jours après que le gouvernement dont elle est membre a été sèchement battu lors des élections législatives, la ministre de l’Éducation nationale s’est exprimée sur France Info.

Alors que les Français se sont mobilisés en grand nombre dans les urnes pour exprimer un message clair, celui que les gouvernants à venir répondent aux aspirations et aux besoins de la population, dans le cadre des valeurs républicaines, la ministre explique que ses contre-réformes doivent être appliquées. Rien n’est envisagé pour satisfaire les nombreuses revendications des enseignants, parents, élus.

Près de 3 200 postes d’enseignant n’ont pas été pourvus aux concours des enseignants, et autant de classes, la ministre n’a annoncé aucun plan de recrutement d’urgence.

La réforme du « choc des savoirs » et ses « groupes de niveau », qui organise un véritable tri social et a dressé des milliers de personnes contre elle, s’appliquerait dès la rentrée scolaire prochaine selon la ministre.

Tous ceux, comme Madame Belloubet, qui continueraient à afficher leur mépris des attentes puissamment exprimées, qui se refuseraient à écouter et prendre en compte les revendications des personnels et des parents, prendraient une lourde responsabilité dans la montée de l’extrémisme et du chaos.

Dans toutes les écoles, dans toutes les classes, les conditions de travail deviennent de plus en plus difficiles. Le contexte professionnel se tend pour tous, partout. En témoignent les près de 750 fiches SST remplies par les collègues en 2023-2024. Sur le terrain, dans les écoles, dans les classes, enseigner dans la sérénité devient une gageure, faute de moyens suffisants. Les enseignants sont à bout et demandent à être entendus.

Dans le département, l’unité réalisée contre le sort fait à l’école publique, est du jamais vu. Parents, enseignants, élus, réunis en meeting unitaire le mercredi 5 juin à Saint-Brieuc, à l’appel du Collectif 45 classes, l’AMF 22, les DDEN 22, la FCPE 22, la CGT-Éduc’action 22, le SNUDI-FO 22, la FSU-SNUipp 22, le SE-UNSA 22, SUD-Éducation 22, demandent « solennellement l’annulation de la totalité du plan de 45 fermetures de classes, l’annulation des fermetures d’établissements et l’ouverture de toutes les classes et places nécessaires au bénéfice des élèves ». « Nous refusons, comme le préfet des Côtes-d’Armor nous l’a signifié, que l’avenir des jeunes générations soit sacrifié. Nous ne pouvons nous résigner à ce que tout s’aggrave du fait des politiques d’austérité, dans la logique néolibérale, au prétexte notamment de la situation internationale. »

Pour permettre à l’école de la République de fonctionner, pour permettre aux collègues de travailler, il faut le rétablissement de tous les postes supprimés depuis quelques années, (en deux rentrées scolaires 5% des classes sont touchées), l’octroi de toutes les ouvertures nécessaires. Le SNUDI-FO demande des moyens supplémentaires pour permettre l’octroi de tous les temps partiels demandés, à la quotité demandée, pour combler les retards scolaires, pour pallier le non remplacement des absences, pour reconstituer les RASED décimés, pour assurer l’accompagnement des primo arrivants de plus en plus nombreux, le recrutement d’AESH pour assurer les accompagnements d’élèves à besoins particuliers, la création de places en ITEP, en IME pour les élèves qui relèvent de ces structures…

Fort de son indépendance, quel que soit le gouvernement, le SNUDI-FO des Côtes-d’Armor continuera à porter les revendications des personnels. Avec notre fédération, la FNEC-FP-Force Ouvrière, nous revendiquons plus généralement :

• L’augmentation immédiate de 10% de la valeur du point d’indice et l’ouverture de discussions pour rattraper les 28,5% perdus depuis 2000 ;

• L’abandon du projet de loi Guerini visant à en finir avec une gestion statutaire fondée sur l’appartenance à des catégories et à des corps au profit d’une gestion individualisée avec salaire « au mérite », c’est-à-dire à la tête du client ;

• L’arrêt des suppressions de postes et la création immédiate de tous les postes statutaires nécessaires ;

• L’arrêt et/ou l’abrogation des contre-réformes qui cassent l’Ecole publique, ses enseignements disciplinaires, ses diplômes nationaux et remettent en cause les statuts et missions des personnels : réformes du lycée et du baccalauréat, Parcoursup, SNU, Pacte enseignant, Acte 2 de l’école inclusive, réforme de la voie professionnelle et autres réformes des concours d’accès à l’enseignement.

Les attentes sont immenses ! C’est la mobilisation des personnels sur les revendications précises, dans la plus large unité posssible, qui va arracher leur satisfaction.

Saint-Brieuc, le 26 août 2024